HEM - Site la Lionderie - Projet de renouvellement urbain
Concertation préalable
Sans une politique municipale équitable, les objectifs de cohésion sociale affichés dans ce projet ne sont que de la poudre aux yeux
Avis de la section socialiste de Hem sur le projet de renouvellement Urbain de la Lionderie :
Après le renouvellement urbain des quartiers Hauts-champs Longs-champs, la Ville de Hem poursuit sa métamorphose en proposant un grand projet de requalification des espaces publics et de diversifications de l’offre de logement sur le quartier Lionderie/3 baudets.
Ce projet s’inscrit dans la « nouvelle génération » de projets de renouvellement urbain, devant désormais être global et intégrer toutes les composantes de la politique de la Ville (emploi, développement économique, cohésion sociale…) et censé s’appuyer sur l’expertise d’usage des habitants des quartiers, en les associant à la définition, à la mise en œuvre et à l’évaluation des projets.
Dans les faits, ce nouveau projet semble se construire sur les mêmes bases que le précédent : sans positionner l’habitant au cœur du projet, sans lui présenter l’approche globale, et sans qu’il puisse véritablement comprendre en quoi ce nouveau projet va améliorer ses conditions de vie actuelles.
En effet, comment expliquer à un habitant que la collectivité intervient dans son quartier pour améliorer ses conditions de vie, mais sans le consulter sur ce qu’il aimerait voir changer dans son quartier, sans prendre en compte les nombreuses demandes qui ont été faites depuis 10 ans par les habitants de la cité familiale ? Comment peut-on encore penser en 2019 que la ville peut se construire de manière autoritaire et isolée ? Que seuls les élus ou les techniciens sont légitimes à travailler sur le renouvellement des quartiers ?
Aucune évaluation n’a été menée avec les habitants sur les aménagements réalisés dans le cadre du 1er projet de renouvellement urbain. Il y aurait pourtant eu des enseignements à tirer pour la suite, en tenant compte des réclamations qui ont été formulées par les habitants, notamment à l’encontre du promoteur immobilier, accusé par certains de privilégier la rentabilité économique du projet au détriment du bien être des occupants. Les habitants ont pu relever à titre d’exemple :
- L’absence de fenêtre dans certaines cuisines, alors que les maisons sont neuves…
- L’absence de trottoirs dans certaines rues étroites, qui limite le coût des espaces publics, mais créée un sentiment d’insécurité pour les enfants qui sortent de chez eux
- Le refus d’aménager la friche de l’ancien centre social en espace vert de respiration, dans un quartier considéré comme déjà trop dense, ignorant la pétition de 300 habitants… avec le recul, on ne peut que constater que cette friche est à l’abandon depuis tellement d’années, que les habitants auraient eu bien assez de temps pour y aménager un espace agréable. On préfère le laisser en friche.
- Enfin la crainte que les aménagements ou réhabilitations proposées ne soient pas suffisamment pérennes dans le temps et aient une durée de vie très limitée.
L’absence d’évaluation et de prise en compte de ces demandes n’ont pas permis de garantir aux habitants que ce type de désagrément sera corrigé dans le cadre du nouveau projet. Au contraire, on évoque des discussions avec le même promoteur, on propose de construire là où les habitants demandaient un lieu de respiration, et de démolir là où les habitants demandaient une réhabilitation…
Comment expliquer aux habitants que le propriétaire qui a laissé leur maison se délabrer au fil des années, sans programmer les travaux qui étaient pourtant indispensables (mais non rentables), va pouvoir aujourd’hui valoriser son foncier et tirer parti de la situation ? Pourquoi ne pas avoir expliqué aux habitants, les raisons qui ont amené à écarter le scénario de réhabilitation des logements, plutôt que celui de leur démolition ? A –t-on présenté les comparaisons de ces 2 scénarios ? Les a –t- on étudiés ?
Quelle réponse apporter aux personnes qui vivent dans des logements insalubres, mais dans lesquels aucun travaux n’est programmé, et qui devront peut-être attendre plusieurs années avant d’être relogés ?
Comment justifier un projet de cohésion sociale censé favoriser le lien entre les personnes, alors que les habitants qui vivent dans ce quartier depuis des dizaines d’années et y ont construit toutes leurs habitudes, toute leur vie, devront peut-être quitter la ville, faute d’une offre de logement équivalente à leur proposer dans d’autres quartiers ? Une ville est-elle juste et équitable lorsqu’elle n’est plus en capacité de reloger les plus fragiles de ses habitants ?
Comment accompagner le parcours de vie de chaque habitant, sans distinction de revenu, alors que la Ville de Hem demande à déroger au PLH pour développer moins de 30% de logements sociaux dans les nouveaux projets sur la ville ? Seuls les personnes ayant des revenus suffisants pourront alors rester à Hem, les autres devront chercher ailleurs ?
Comment expliquer que la collectivité investit beaucoup d’argent pour l’emploi et le développement économique dans le quartier, mais a évincé la société GDP emballage qui fonctionnait très bien, l’obligeant à s’installer dans une autre ville ?
Comment répondre aux besoins des habitants et proposer une nouvelle offre commerciale adaptée, sans mêmes les consulter sur les services qu’ils souhaiteraient y voir s’installer ? Quelle plus-value la collectivité retire-t-elle à investir sur une nouvelle offre de commerces, lorsqu’il s’agit de transférer des activités déjà présentes sur la Ville ?
Pourquoi choisir de construire une nouvelle salle de sport, alors que la ville est déjà bien dotée ? Ne serait-il pas pertinent de consulter les habitants sur leurs souhaits en équipements supplémentaires sur la ville ? A quel besoin répond cette salle de sport ? Les habitants sont-ils en demande ?
La construction de la nouvelle école Jules ferry poursuivra-t-elle un objectif de réduction des inégalités scolaires ? sera-t-elle accompagnée d’une nouvelle politique scolaire, visant à favoriser la mixité sociale dans les écoles de la ville ?
Ce nouveau projet, comme le précédent, améliorera sensiblement la qualité des espaces publics, des logements, et favorisera le retournement d’image du quartier. A terme, ce quartier sera sans aucun doute plus qualitatif qu’il ne l’est actuellement.
Pour autant, les sommes investies lors du précédent projet ont-elles permis de réduire la fracture qu’il existe entre les différents quartiers de la Ville ? Non.
Si l’on souhaite tendre vers une ville juste, équitable et solidaire, il n’est pas suffisant d’investir à l’échelle d’un quartier pour que « ça brille ». C’est toute les politiques menées à l’échelle de la ville qui doivent être réinterrogées (mixité résidentielle, attribution des logements sociaux, fiscalité, mixité scolaire, et surtout participation citoyenne….) sans cette approche globale, les objectifs de cohésion sociale affichés dans ce projet ne sont que de la poudre aux yeux.
La section socialiste de Hem
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